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  Article écrit le 19/01/2010 (Tous droits réservés - TECHNETEA)  

Article de blog

Développements Electroniques





Le temps de l'action dans un projet technique

Il m'arrive de coller un post-it sur le mur avec la pensée du moment. Une situation actuellement vécue et une conversation téléphonique qui vient de s'achever m'ont par association d'idées fait décroché celui-ci où il est écrit à l'encre verte "L'hésitation coûte cher", et où j'ai ajouté un autre jour en dessous à l'encre rouge presque illisible et déjà effacée par le temps : "Mais la précipitation aussi".

L'exemple type peut être celui-ci. Une entreprise prend des contacts pour discussion sur un sujet d'étude, mais six mois plus tard elle ne sait toujours pas répondre plus que : "Le projet progresse". Est-ce que dans une telle situation, le responsable de projet est bien conscient qu'en tergiversations, discussions, consultations, analyses, réunions, réflexions, le projet lui a déjà coûté plus cher que s'il l'avait lancé ! Dans ce cas, il est possible de se demander par quel principe de motivation si subtil qui lui fait oublier les principes fondamentaux de l'Economique, il peut bien être animé.

Si la précipitation accompagnée d'une erreur de jugement est plus que dommageable aussi bien pour l'entreprise que pour le pauvre responsable de projet qui a fait le mauvais choix et sur qui retombera inévitablement toute la responsabilité de l'échec, il va sans dire que l'hésitation fait perdre du temps et de l'argent à tout le monde y compris aux sous-traitants consultés, et que ce temps et cette énergie gaspillée ne sont jamais pris en compte à leurs justes niveaux dans le bilan du projet.

Quelle serait donc une meilleure conduite ?... L'action ! La prise mesurée de risques ! La pause de jalons !

La pose de jalons, qu'est ce que c'est ? C'est le principe de vouloir valider certains points techniques pour s'assurer que le projet est viable et qu'il peut démarrer aussitôt que la hiérarchie aura décidé du bien fondé commercial et concurrentiel du lancement du projet à un instant donné.

Cette validation, étude de faisabilité ou pré-étude est un enrichissement énorme pour l'entreprise qui la lance. Soit elle est utilisée pour le projet en discussion et dans ce cas il s'agit d'un gain de temps puisque que généralement c'est le point le plus délicat qui aura été lancé par anticipation, soit il peut servir de base de développement en tant que brique technique à des projets futurs de la société qui saura ainsi être plus rapidement sur le marché de la concurrence de par son avance technologique.

Celui qui hésite pour lancer son étude de faisabilité parce qu'il n'est pas encore sûr de son marché, parce qu'il n'a pas encore bouclé totalement son étude de projet (budget, planning) ne gagne ni du temps, ni de l'argent, il est clair qu'il perd les deux ! De plus, bien souvent ensuite lorsqu'il se décide enfin à lancer son projet, il n'a plus le temps suffisant pour assurer l'étude dans les délais, et finalement perd son investissement en étude et son marché.

Que de fois il est nécessaire d'insister mais bien souvent en vain, pour que soit lancée une pré-étude permettant de consolider un principe, ou débroussailler simplement le projet. Le temps n'est pas compressible, et il n'est pas très réaliste d'espérer que finalement tous les errements seront compensés par une étude menée tambour battant avec un esprit commando !

Une erreur identique se rencontre parfois dans le cas où le responsable de projet veut aller jusqu'au bout de son analyse en travaillant son étude de marché, son budget et son planning, alors qu'il n'a pas encore vérifié s'il n'y a pas un blocage technique sur le principe envisagé ! Ceci est particulièrement fréquent pour des développements en ATEX, où délais d'obtention de la certification et prix de sortie de production sont déjà fixés alors qu'il y a un doute énorme sur la viabilité du principe.

Malheureusement cette méthode de pose de jalons et de passage à l'action très tôt dans l'élaboration du projet, n'est pas vraiment dans les habitudes industrielles et c'est un tort.

Finalement entre hésitation et précipitation, le choix est vite fait. La précipitation du moment peut bien souvent être ensuite compensée par un ajournement, alors que l'hésitation conduit toujours à un capital temps irrémédiablement perdu ; et s'il y a un bien que nous possédons tous en quantité finie, c'est le temps.



André GAJNY - rédacteur






------------- Commentaires reçus (2) -------------


Benoit D - 21/01/2010 18:52
Le point commun qui réunit les humains est bien de savoir que la durée de notre vie est limitée : le temps est donc notre bien le plus précieux. Plutôt que de faire perdre du temps aux autres, il vaut mieux essayer d'en gagner avec les autres. Pour cela une démarche exploratoire, par approximations successives, semble en effet la plus adaptée. Elle laisse du "temps au temps", le temps d'accorder ses visions du monde et de trouver ensemble ce qui demeurait caché aux individus isolés. Bravo donc pour la pose de jalons et non à la pause dans l'action !


Jean-Pierre C - 21/01/2010 19:09
Je ne peux que souscrire aux principes énoncés dans ce texte.
Combien de projets sont lancés tellement tard après la demande que l'environnement a changé entrainant une conception sur de mauvaises bases conduisant inexorablement le projet à l'échec.
Identifier les quelques points de validation nécessaires mais aussi mettre en production par étapes pour valider progressivement sont de bons principes pour démarrer plus vite mais aussi arrêter avant qu'il ne soit trop tard.